Nous avions grandi ensemble, main dans la main, comme si le destin avait noué nos vies dès notre premier souffle. Julie et moi étions inséparables, deux âmes si parfaitement en harmonie qu’on nous appelait souvent “les jumelles” malgré nos différences physiques. Tout ce que je vivais, elle le vivait avec moi. Chaque rire, chaque larme, chaque rêve partagé sous un ciel étoilé, faisait partie de notre histoire commune.
Nous avions nos codes, nos secrets, et cette complicité qui dépassait les mots. Si l’une tombait, l’autre était là pour la relever. Quand elle rêvait de devenir danseuse étoile, je croyais autant en son talent qu’elle croyait en ma passion pour l’écriture. Julie était ma lumière, mon pilier.

Mais il est des épreuves que même les liens les plus solides ne peuvent surmonter. Cela a commencé par des regards fuyants, des silences lourds qui prenaient la place de nos rires. L’incident semblait anodin au départ : une dispute, un malentendu, une blessure que nous pensions vite refermer. Mais les mots prononcés ce jour-là ont laissé des cicatrices profondes, et le silence a pris racine entre nous.
Puis est venu “cet événement”. Une trahison, ou du moins ce que nous avions chacune perçu comme tel. Elle s’était confiée à quelqu’un d’autre, et moi, dans ma fierté blessée, j’avais refusé de l’écouter. Ce jour-là, notre amitié avait pris un coup que ni l’une ni l’autre n’osait reconnaître.
Les jours se sont transformés en semaines, puis en mois. Nous continuions de nous croiser, mais l’évidence de notre séparation s’intensifiait. Les regards autrefois chaleureux étaient devenus glacés. Et dans ce vide, j’ai compris qu’il ne s’agissait pas seulement d’un malentendu ou d’une querelle passagère.
Nous étions comme deux rivières qui avaient coulé côte à côte pendant des années, mais qui, à force de s’éloigner, avaient trouvé d’autres chemins.
Parfois, la nuit, je repense à tout ce que nous avons vécu. À ces instants où nous croyions que rien ni personne ne pourrait nous séparer. Julie me manque, mais je me demande si elle me manque telle qu’elle est aujourd’hui, ou telle qu’elle était autrefois. Peut-être est-ce là la plus grande des tragédies : comprendre que certaines relations, aussi belles soient-elles, ne sont pas éternelles.
Aujourd’hui, je garde au fond de moi une lueur d’espoir. Peut-être qu’un jour, la vie nous réunira. Ou peut-être que notre histoire appartient au passé, et qu’elle doit y rester.
Mais quoi qu’il arrive, une chose est certaine : nous étions amis depuis l’enfance, et rien ni personne ne pourra effacer cela.

